Film de Alberto Gastesi, 2022

Titre original: Gelditasuna ekaitzean

                                                        Critique de Véronique Gille

Durée:  114 min.

Année: 2022
Pays: Espagne
Réalisation: Alberto Gastesi
Scénario: Alberto Gastesi, Alex Merino
Musique: Iñaki Carcavilla
PhotographieEsteban Ramos
Interprétation
Loreto Mauleón, Aitor Beltrán, Vera Milán, Iñigo Gastesi
Genre
Drame. Romantique.

Ce film en noir et blanc est un film sans teinte, pas même en demi-teinte. Non pas parce qu’il est en noir et blanc, ce qui aurait pu être un bel hommage au cinéma de la Nouvelle Vague française friand de ces deux couleurs, mais parce que le film laisse un sentiment de vide, de vacuité. Vide d’émotion, de trouble, de passion malgré un thème plutôt intéressant, celui des retrouvailles de Daniel et Lara après huit ans d’absence de la première. Daniel resté à Saint-Sébastien, elle exilée à Paris. La valse de la mémoire nourrit une histoire d’amour naviguant entre passé et présent.

La pluie les a réunis, la pluie les réunit à nouveau, mais c’est beaucoup de pluie pour rien. La situation de départ pourrait inciter le spectateur à croire au bouleversement que s’apprêtent à vivre les deux personnages, mais le film pose un problème crucial: celui de la crédibilité. Les (trop) nombreux dialogues sont insipides et manquent de saveur. Du déjà-entendu. Pourtant nous serions prêts à accepter les fêlures des personnages, mais les faiblesses multiples du scénario font que nous n’adhérons pas à cette complainte mélancolique amoureuse.

On s’ennuie ferme en voyant défiler des photogrammes -parfois beaux- plutôt que des séquences filmiques qui se suivent avançant ou reculant, peu importe. Cette romance contrariée souvent à coups de flashbacks dessine les contours du déjà-vu complet. Le rythme est lent, sans audace et les scènes répétées champ/ contrechamp rendent banal cet amour de jeunesse qui finalement n’intéresse pas. Dans l’ensemble, les acteurs semblent eux aussi mal à l’aise et adoptent des jeux surfaits et peu naturels.

Le fond est mal approché et la forme est peut-être trop simple pour essayer de s’en tirer avec un petit honneur esthétique. Le film manque de la tension et de la passion nécessaires pour susciter autre chose qu’un intérêt relatif, voire un ennui poli. La mise en scène sans invention et les canevas éculés du scénario achèvent de tuer dans l’œuf les tentatives de romanesque balbutiant. Les atouts d’un film d’auteur sont souvent les acteurs, mais Aitor Beltrán, Loreto Mauleón, Iñigo Gastesi et Vera Milán sont trop lisses et manquent un brin d’ambiguïté pour traduire les meurtrissures intérieures de leurs personnages.

Le reste de la distribution, sans failles particulières, mais aussi sans génie, reste cantonné dans les bornes que le film lui assigne. C’est un récit au discours pseudo-psychologisant et à tiroirs vides où les personnages se sont perdus. Le spectateur aussi. Ça manque de beau et de vrai. Je ne m’attarderai pas sous la pluie de Saint-Sébastien. Je n’irai pas jusqu’à déconseiller d’aller voir ce film, mais je ne conseille pas non plus d’y aller.

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